ARCHIVES DE FEVRIER 1998

 

 

 

Canard Enchaîné du 4 Février 1998

Quand les lepénistes ont besoin de faire croire qu'ils ont des artistes dans leurs rangs,
ils font venir sur scène des sosies de chanteurs connus . Quand ils veulent faire croire qu'ils peuvent vraiment arriver au pouvoir, ils inventent un gouvernement fantôme. Le Peu a réuni, lundi 26 janvier, pour la première fois, ses faux ministres, et leur a attribué de faux maroquins. On espère pour eux qu'ils se sont bien amusés. Marie-France Stirbois a été propulsée fausse ministre de l'intérieur : c'est vrai qu'on la voit bien une vraie matraque à la main. Carl Lang devient faux ministre des Affaires sociales : on sent chez lui une fibre sociale propre à rassurer les chômeurs. De nouveaux ministères rigolos ont été inventés : ainsi il y aurait un "ministère de la réintégration", qui servirait à organiser le retour des immigrés dans leur pays d'origine, et que dirigerait Martine Lehideux. Pourquoi pas carrément un "ministère de la désintégration" ? On donnerait aussi le ministère de la "mémoire nationale" à l'ancien para Roger Holeindre. Et celui du "point de détail " ? Le faux gouvernement, pas encore au complet, sera bientôt présenté en grande pompe par Jean-Marie Le Pen, ce qui est bien la preuve que, malgré son entrée dans sa soixante-dixième année, il garde l'âme fraîche d'un bambin. On attend avec impatience les noms des autres faux ministres. Avec le Front, ce n'est pas tous les jours qu'on a l'occasion de rigoler !
L'approche des régionales énerve les lepénistes
et leur redonne le goût des noms d'oiseaux : lors des deux derniers conseils municipaux de Toulon, les élus de l'opposition se sont fait traiter sous les applaudissements des militants d'"excités" par l'adjoint à la mer Philippe Viord, de "couillons" par Jean-Marie Le Chevallier et même de "connards" par un obscur conseiller municipal du nom d'André Langevin. Le premier adjoint, Guy Nochin, a jugé, hors procès-verbal, l'attitude de ses collègues "scandaleuse". Tout de suite les grands mots...

Le mairede Toulon Le Chevallier s'est montré bien mal à l'aise,
vendredi dernier, face à son conseil municipal. L'opposition a exigé des explications suite à la divulgation par "Le Canard" (21/1) d'un courrier signé de son épouse où elle intimait l'ordre à ses collaborateurs de sacquer les sympathisants de l'ancienne Municipalité et de pistonner les amis du Front national. Le Chevallier a condamné... l'auteur de la fuite, et a "couvert" son épouse, qu'il a réussi à caser en position éligible sur la liste du FN aux régionales : "A compétence égale, je choisirai toujours un collaborateur proche de nos idées." Vu le profil des derniers recrutements en mairie de Toulon, ce serait plutôt "à incompétence égale" !

L'alliance générale pour le respect de l'identité française (AGRIF), dirigée par Bernard Antony, membre du bureau politique du FN, a obtenu la condamnation du directeur du magazine "HardRock" pour "provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence à l'égard des chrétiens en raison de leur appcirtenance à cette religion". Mme Ract Madoux, Présidente de la XVIIe chambre du tribunal correctionnel de Paris, souhaiterait-elle instaurer le catholicisme comme religion d'Etat en lieu et place de la République laïque ?

Le quotidien lepéniste "Présent" a publié,
dans son édition du 28 janvier, un article fort élogieux sur le Ku Klux Klan. "L'esprit de croisade imprègne cette gestuelle féodale illuminée dans les ténèbres par des croix embrasées. Il ne s'agit plus de reconquérir le tombeau du Christ, mais de retrouver l'âge d'or d'une liberté perdue sous la botte yankee", affirme l'auteur de l'article. Et d'ajouter que le KKK s'impose "comme la seule protection d'une civilisation contre la machine égalisatrice". Encore un effort et la presse lepéniste affirmera que les skins, qui en France imitent ce glorieux modèle en terrorisant les immigrés, sont d'authentiques descendants de la chevalerie.


 

Canard Enchaîné du 11 Février 1998

Crise de nerfs chez les racistes : deux morts
Il ne supportait pas que son beau-frère fréquente des immigrés, il le lue et tue aussi son copain noir.

Pas une branche ne dépasse des haies de thuyas taillées au rasoir autour des pavillons qui poussent comme des champignons dans ce pays de Thelle (Oise), à un jet de pierre des cités "à problèmes" de Méru. Et, bien qu'à 80 km, Paris paraît loin...

Depuis une douzaine d'années, ce coin de Picardie connaît une flambée démographique avec l'arrivée de centaines de nouvelles familles qui ont fui leur HLM de la banlieue parsienne pour "faire construire" leur pavillon remboursable en un quart de siècle.

Beaucoup de braves gens, parmi ces Picards d'adoption. Mais aussi une proportion grandissante de Dupont-la-Joie. Aux dernières législatives, le Front national a atteint 30 % des voix dans les communes de ce pays de Thelle. Et les skinheads ont proliféré, qui terrorisent les rares familles d'immigrés qui ont, comme de "vrais" Français, acheté un pavillon. Selon "Le Courrier picard", ces gentils garçons se réunissent dans un ancien bunker du Coudray-sur-Thelle, où Goering est, dit-on, passé.

Franco-beurs contre nazillons

Le 7 janvier dernier, Gustave Kokou, l'aîné d'une famille d'origine togolaise installée dans un pavillon d'Andeville-sur-Thelle depuis janvier 1985, se rend à pied à la gare pour gagner la Sorbonne, où il étudie la philo. Une voiture s'arrête : David Dumond, un de ses amis d'enfance, lui propose de le conduire jusqu'à Paris. Il lui faut juste auparavant déposer sa compagne, Estelle, chez les Bonnefils, ses beaux-parents, au village voisin de Mortefontaine-en-Thelle. Quelques dizaines de minutes plus tard, les deux amis tomberont sous les balles d'une carabine 22 LR tirées à bout portant.

Gustave Kokou, c'était l'anti-portrait de David Dumond. Féru de bouddhisme, Gustave compose des poèmes contre la violence. David, lui, a déjà un "casier" pour quelques larcins et une multitude de bagarres. Petit champion local de boxe, il compte surtout parmi ses potes les blacks et les beurs de Méru. Et, contre les skinheads, il n'hésite pas à donner du poing. Parfois même il sort son couteau, comme en 1996 à La Boissière-sur-Thelle, où les nazillons, armés de battes de base-ball, persécutaient courageusement des jeunes Noirs et Maghrébins à la sortie du collège.

Mais voilà, l'un des chefs de ces skins n'est autre que le propre frère de sa compagne Estelle : Antoine Bonnefils, militant du Front national, comme l'a confirmé, au "Canard", le responsable cantonal de ce parti. que l'on vous en fixe un.

La "belle-famille" de David est donc aux antipodes des idées de ce Français trop copain avec les Arabes. Depuis le 1er janvier, Robert Bonnefils, le père d'Estelle et d'Antoine, est d'ailleurs en internement psychiatrique pour avoir, une fois de plus, menacé de mort, couteau en main, le maire (de gauche) de la commune et plusieurs de ses adjoints. Un brin alcoolique et violent, Robert est un pittoresque partisan de Le Pen.

Thierry Petitcoulaud, maire du village, se souvient, entre autres, de l'avoir entendu crier devant la mairie, le jour du premier tour des dernières législatives : "Mort aux bougnoules Vive le FN !" Et ensemble, le père et le fils agressent régulièrement les quelques familles d'origine maghrébine du village.

A l'inverse, en juillet de l'année dernière, une véritable bataille rangée avait opposé David et ses potes des grands ensembles de Méru à un groupe de skins qui tenaient une réunion au domicile des Bonnefils. Depuis, quand il y déposait sa compagne, David prenait soin de se faire accompagner par des copains, beurs ou blacks.

Des idées qui tuent

Ce 7 janvier, c'est Gustave Kokou - un non-violent - qui a pris place dans la voiture de David. Comme prévu, la voiture s'arrête devant le domicile des Bonnefils. En principe, le père d'Estelle étant hospitalisé, les risques d'engueulade sont minimes. Sauf qu'Antoine, son fils, est là, en compagnie d'un autre militant d'extrême droite. Une violente discussion s'engage et, après quelques minutes, Antoine sort dans la rue et tire sur David et son ami noir avant de les achever l'un et l'autre d'une balle dans la tête.

Aussitôt après, il décroche le téléphone, non pour appeler les gendarmes, mais pour prévenir le responsable du FN : "J'ai fait une boulette." Robert Durosoy - c'est son nom - arrivera sur les lieux avant les gendarmes et les secours.

Candidat suppléant aux dernières législatives, Durosoy avait gracieusement mis une salle de musculation de son cabinet de kinésithérapeute à la disposition d'Antoine. S'il dément avoir fait de lui son "fils spirituel", comme la presse locale l'a écrit, il reconnaît des liens étroits le meurtrier avait adhéré au Front et participait aux collages d'affiches et aux distributions de tracts organisés par Durosoy. "Ce qui est mieux que de dealer de la drogue", dit-il.

Et puis ça vous forme un homme, la preuve.


On se demande pourquoi Jean-Marie Le Chevallier,
seul et unique député lepéiniste, s'est insurgé quand il a appris, vendredi 6 février, que le Conseil constitutionnel l'invalidait pour triple infraction à la législation sur le financement de sa compagne, et le déclarait inéligible pendant un an ("un scandale et une ignominie", a tonitrué Le Pen). Car à l'Assemblée nationale le député Le Chevallier s'est surtout illustré par son absence : on ne se souvient d'ailleurs pas quand il y a montré sa bobine pour la dernière fois. Si jamais sa femme Cendrine, qu'il présente à se place, est élue, on saura pourquoi : pour mieux ne pas y mettre les pieds !
Et toujours au cas où elle serait élue,
le couple Le Chevallier totaliserait à lui tout seul une écharpe de député européen (lui), une autre de député national (elle), un fauteuil de maire (lui), un bureau d'adjoints (elle) et deux sièges de conseillers régionaux. Aux Jeux olympiques du cumul des mandats, le tandem Le Chevallier-Le Chevallier remporterait ainsi la médaille d'or. Les Mégret, à côté, sont des amateurs...
On peut brailler qu'on est pour l'ordre et la protection des braves gens,
et préparer des braquages... Parmi les trois flics interpellés mardi 3 pour association de malfaiteurs se trouve comme on sait Frédéric Jumet, secrétaire général de l'ex-FN-Police, accessoirement candidat aux régionales sur la liste lepéniste dans les Hauts-de-Seine. Son arrestation a suscité un petit vent de panique au siège national du Front. Craignant sans doute une irruption des enquêteurs, les informaticiens lepénistes se sont empressés de faire le ménage dans les ordinateurs du "Paquebot". Histoire de faire disparaître toute trace de cet ancien allocataire d'un bureau dans le saint des saints nationalistes. Ah, les braves gens !

 

Canard Enchaîné du 18 Février 1998

Le maire (et député invalidé) de Toulon,
Jean-Marie Le Chevallier, a détaillé - avec un rien d'habileté à l'endroit de Le Pen - au "Figaro" (17/2) les motifs tout à la fois héroïques et de la plus belle eau républicaine qui l'ont conduit à choisir son épouse Cendrine comme candidate FN à sa succession. "Mon réflexe (à l'annonce de l'invalidation) fut alors celui de Le Pen en 1960 quand Pierre Lagaillarde, député d'Alger, fut emprisonné après les barricades. Il avait alors estimé que seule "Babette" Lagaillarde, l'épouse de l'ancien président des étudiants d'Alger, pouvait maintenir le flambeau. Ce qui fut fait." La partielle de Toulon assimilée aux barricades d'Alger ? En cas d'échec de Madame, l'invalidé ne va tout de même pas nous concocter une OAS ?

Le procureur de Toulon
a décidé l'ouverture d'une enquête préliminaire visant Cendrine Le Chevallier, épouse du maire et maire adjoint délégué à l'enfance et à la jeunesse. Celle-ci avait ordonné, on s'en souvient, au directeur d'une association paramunicipale de recruter soit des sympathisants du FN, soit des personnalités "totalement neutres". Une discrimination que la justice n'apprécie pas. Comme si les juges n'avaient pas mieux à faire que de persécuter les braves gens !


Pour essayer de faire mousser sa prime de 5 000 F aux bébés bien français,
Bruno Mégret, maire consort de Vitrolles, se demande s'il ne va pas organiser un référendum local. Mais, pas sûr du résultat, il est en train de faire faire un sondage par téléphone auprès des habitants. Les vieilles ficelles du marketing politique, ça marche toujours, même pour le parti qui prétend les dénoncer.

Les petits chefs du FN ne seraient-ils heureux que dans les transes et les crises ?
Si tel est le cas, Jacques Bompard, maire d'Orange, affiche une éclatante réussite. Après s'être fait modestement la main, dans les premiers mois de son mandat, sur ses chefs de cabinet et sur deux de ses proches au conseil municipal, il doit aujourd'hui affronter une dissidence massive. Le semaine dernière, l'un de ses hommes de confiance à la mairie, Louis Cascalès, claquait la porte de la majorité municipale. Ce précieux adjoint en sait pourtant beaucoup sur la gestion de Bompard, vu que c'est lui qui avait négocié l'octroi du marché de l'eau au groupe Bouygues- Mais voilà : Cascallès était en concurrence avec l'épouse du maire pour une place, en position éligible, sur la liste FN aux élections régionales. Et Bompard possède un sens de la famille au moins aussi poussé que ses amis Mégret et Le Chevallier. Trois autres démissions sont données comme imminentes au sein de la majorité FN. Puis trois autres ans pourraient être annoncées après les élections régionales. Du coup, ces dissidents envisagent de créer, au sein du conseil municipal, un groupe d'opposition lepéniste au maire lepéniste. Du moment qu'on reste entre amis...

 

Canard Enchaîné du 25 Février 1998

Le réseau où les nazillons nichent en toute liberté

Pour l'instant, et dans tous les pays, il n'existe aucun obstacle technique ou juridique à l'épidémie négationniste ni à la propagande raciste.

"Attention ! Si vous appartenez à la caste des déprépucés, si vous êtes un coco, un pédé : un conseil, abstenez-vous de nous rendre visite." Sur fond de rafale d'arme automatique, c'est le message de bienvenue que délivre un site Internet désormais célèbre. En l'occurrence, Charlemagne Hammerskin, une adresse ouverte par un groupe de néonazis arrêtés la semaine dernière par la gendarmerie maritime de Toulon.

Cette bande a été en partie neutralisée grâce à un heureux concours de circonstances, les gendarmes ayant pu saisir des documents édités par ces internautes bruns et remonter ensuite la filière. Mais des centaines de groupuscules plus discrets continuent de polluer le Net, en toute impunité.

 

Planques protégées
Un service vient d'être créé au ministère de l'Intérieur pour cogiter sur les moyens de lutter contre cette déferlante. Et, au ministère de la Communication, les conseillers de Catherine Trautmann ne cherchent même pas à cacher leur perplexité. Internet étant, par définition, un réseau mondial, les petits malins domicilient leur site dans des pays où la législation ne peut les poursuivre.

Ainsi les révisionnistes européens sont officiellement planqués en Europe du Nord. Là, au moins, il n'y a pas de loi Gayssot pour les harceler. Du coup la seule solution actuellement à l'étude viserait, dit-on dans l'entourage de la ministre, à inciter les professionnels ("fournisseurs d'accès") qui accueillent ces sites à ne pas faciliter la circulation des idées néonazies. Voeu pieux qui n'est pas simple à réaliser techniquement. Et rien ne dit qu'un tel appel à la déontologie sera entendu par ces "pros", qui ne cessent de célébrer Internet comme le seul espace où les tabous sont prohibés. Résultat : en attendant, les sites douteux prolifèrent.

 


Explosifs sur la web

Charlemagne Hammerskin diffuse, ainsi, le vade-mecum indispensable àtout nazillon: autocollants antisémites, recettes pour la fabrication de cocktails Molotov et d'engins explosifs en tout genre, etc. Un rapide coup de surf et l'internaute se pose ensuite sur un site en langue anglaise. "Attention, Alpha est réservé aux Aryens", prévient la page de garde. Précaution inutile : le site diffuse des séries de dessins "humoristiques" sur des thèmes aussi désopilants que les "babouins noirs" ou "l'héritage africain" des Noirs américains.

Alpha propose également une série d'affiches à la gloire des Jeunesses hitlériennes, des Waffen SS, des SA, etc. Et un petit clic suffit pour se retrouver sur l'une des quelques dizaines d'adresses avec lesquelles Alpha est connecté. Certaines portent un nom évocateur : NSDAP (le parti nazi), Aryan Nations, Ku Klux Klan, White Aryan Resistance, etc. Le web brun constitue en effet un gigantesque système de sites gigognes. Surfer d'un groupuscule nazi à l'autre est alors un jeu d'enfant.

Un nouveau clic, et voici qu'apparaît un dessin représentant un costaud qui jaillit de l'écran de l'ordinateur pour boxer un informaticien coiffé d'une kippa. C'est le site Whitepower (pouvoir blanc). Principales caractéristiques : une impressionnante galerie de photos de Hitler et la vente, sur commande, des oeuvres et des discours du regretté führer.

Le négationnisme facile
Quelques sites s'efforcent d'aider le nazillon internaute dans sa quête. Ce sont les "aiguilleurs" d'Internet. Ainsi Hatewatch, un des principaux propagandistes de la pensée nazie, oriente aussi bien sur le Front national que sur Aaargh (Association des anciens amateurs de récits de guerre et d'holocauste). Des bulletins de cette respectable association circulaient d'ailleurs au sein du groupe de skinheads que fréquentait le meurtrier d'un jeune Noir et d'un antiraciste dans l'Oise (
"Le Canard" du 11 février).

Mais Aaargh s'est surtout spécialisé dans le négationnisme : près de 2 500 pages de "littérature" visant à nier l'Holocauste sont diffusées sur ce site. Sous le titre "Archives Faurisson" est ainsi publiée l'intégrale de l'oeuvre du pape français du révisionnisme. Outre les délires habituels, on y fait quelques découvertes : le "Journal", d'Anne Frank serait un écrit bidon, la rafle du Vel' d'Hiv' se résumerait à une série de photos truquées, et le zyklon B (utilisé dans les chambres à gaz) aurait uniquement servi à désinfecter les "piaules" des camps de déportés. Ces thèmes sont également développés sur le site de Radio-Islam, implantée en Suède, ce qui, en principe, la met à l'abri des poursuites.

L'amateur de délires nazis "voyage" librement d'un site spécialisé à l'autre tant qu'on ne lui propose pas d'acheter quelques colifichets hitlériens, opuscules négationnistes ou autocollants racistes. A ce moment du parcours initiatique, il faut payer pour voir.


Des hitlerophiles accueillent le Front national sur leur site Internet
Mieux qu'une banale adresse sur Internet, un site néonazi domicilié en Norvège se veut une véritable encyclopédie de l'internationale brune. On y trouve de tout, à condition bien sûr de savoir lire l'anglais : les groupuscules néonazis européens, les organisations racistes des Etats-Unis, les ultranationalistes italiens, suédois, belges, tchèques ou russes, les fanzines racistes ou nazis, les groupes musicaux de skinheads ainsi qu'une remarquable collection de posters à l'effigie d'Hitler. Et - ça ne s'invente pas - des photos représentant des "nazis gays" en uniforme.

Une rubrique particulière recense des formations qui se présentent aux élections dans leurs pars respectifs. Parmi elles, les fascistes russes de Pamyat, la phalange espagnole, les Republikaner allemands, que dirige l'ancien SS Franz Schönhuber. Et le Front national.

Public de connaisseurs
Il suffit alors de cliquer sur la ligne réservée au FN pour se retrouver illico, par la magie d'Internet, sur la page d'accueil du site du parti lepéniste. Et voyager ensuite à l'intérieur : communiqués officiels, discours de Le Pen, organigramme, "liens" avec les organisations amies, etc. D'autres sites de la même veine "vendent" Le Pen à un public de connaisseurs composé de nazillons ou de négationnistes. Curieusement, notre grand parti "national" ne tire aucune gloriole d'être ainsi célèbre dans le monde entier, via le Net. Joint au téléphone, son spécialiste du web, Guillaume Fiquet, feint, dans un premier temps, d'apprendre par "Le Canard" la connexion du site FN avec ceux des néonazis.

Etonnant, vu que c'est un banal "moteur de recherche" utilisé par tous les débutants qui conduit jusqu'à ces sites de nazillons. Passée cette fausse surprise, Fiquet prend illico ses distances : "Ce n'est pas nous qui l'avons demandé, mais nous ne pouvons l'empêcher. N'importe qui peut nous prendre sur son site."

Exact. Mais est-ce dire que le Front national serait l'innocente victime de pirates sans scrupules? A supposer que oui, qui empêche le FN de mettre en garde ses adhérents contre ce parrainage genant ? Mieux qu'un communiqué de presse, Internet peut aussi servir à ça.

Au moment où Bruno Mégret lance des appels à la droite parlementaire pour constituer des "majorités de gestion" dans les futurs conseils régionaux, mieux vaut, pour son parti, s'en tenir à cette explication prudente. Reste une question à laquelle, au Front national, on préfère ne pas répondre: pourquoi les néonazis, les skins et les antisémites qui hantent Internet reconnaissent-ils le FN comme un cousin pas très éloigné ?

 

Catherine Mégret,
maire de Vitrolles, "est uniquement représentée comme une 'gourde' d'une bêtise incommensurable, sachant à peine parler le français et totalement incapable" - c'est pas bien, surtout pour un des phares de la vie politique française. A Bruno Mégret il est "clairement imputé d'être nazi, raciste et particulièrenwnt violent", alors que, on le sait bien, l'homme est un antifasciste notoire, un antiraciste militant et un ange de douceur. Bref, tout est carrément faux dans "Les Mégret dans la ville", ce recueil-de bédés signées Luz qui vient d'être mis en vente en kiosque. Et on comprend que les Mégret, ulcérés d'être mis en cause, "dans des conditionsde vulgarité jamais encore atteintes à l'égard d'un homme politique", aient engagé un référé demandant la saisie de l'album et 100 000 F de dommages-intérêts, qui sera plaidé le 26 février. Le hic, c'est que ces bédés sont publiées chaque semaine par notre confrère "Charlie Hebdo" depuis exactement un an. Et que durant tout ce temps les Mégret ne se sont pas manirestés une seule fois (ni courrier, ni droit de réponse, ni action en justice). Il est vrai que les régionales approchent, et que tout est bon pour la promo. Faire faire sa pub par un dessinateur de "Charlie Hebdo" : ces deux lepénistes-là sont vraiment forts !
Menacée d'inéligibilité par le tribunal de Versailles
pour avoir exercé des violences contre une candidate socialiste à Mantes-la-Jolie, le grand chef des lepénistes a prévenu : "Les bons bougres, de temps en temps, il leur arrive de se fâcher." Ah, le bon bougre ! Quand il vous envoie un pain, c'est par pure sympathie !

Les dirigeants du FN
avaient prévu d'apporter des caisses de parapluies, samedi 21, pour la manifestation organisée à Versailles afin de protester contre les poursuites intentées contre Le Pen. Mais, une fois ouverts, ces riflards laissaient tous entrevoir une étiquette "Made in China". Il y a du relâchement dans la préférence nationale.

La vie politique à Orange
devient d'une banalité affligeante. Ainsi, après les démissions qui ont secoué le conseil municipal la semaine dernière, deux autres départs pourraient être annoncés dans les prochains jours au sein de l'équipe de Jacques Bompard. Le FN deviendrait-il un parti de traîtres ?

Homérique dispute entre adjoints lepénistes toulonnais !
Elle a opposé au 4e étage de l'hôtel de ville le premier adjoint, Guy Nachin, chargé des finances, et l'adjoint au nettoiement Gérard Bauer, qui réclamait l'aménagement de WC privés dans son propre cabinet. Nachin a eu beau lui expliquer que ses collègues de la majorité municipale allaient aux "petits coins" publics prévus à chaque étage et qu'il y avait d'autres priorités financières, Bauer adéfendu mordicus se requête. Pour un nouveau slogan du FN : "Cul propre et tête haute" ?

On vient d'apprendre que Gilbert Péréa,
directeur du "Vallon du soleil" (cette super-colo lepéniste pour petits Toulonnais), collectionnait, du temps où il dirigeait une autre association en région parisienne, en 1994, les procès-verbaux des services vétérinaires, de l'inspection du Travail et de Jeunesse et Sports pour de multiples infractions relatives aux "mauvaises conditions d'hygiène dans les dortoirs"ou à "l'absence de contrats de travail" de certains salariés. Ce n'est plus le "Vallon du soleil", c'est le pays des zones d'ombre.